L’idée de créer ce Club Informatique m’est venue peu après mon arrivée en Vendée, après s’être installé sur la commune de Nieul le Dolent.
Probablement parce qu’un cadre de campagne résume bien cette idée que tout n’est pas déjà figé dans le béton, que la nature est encore là comme source de découvertes, et qu’il reste encore de la place pour imaginer et rêver d’un avenir qui n’est pas écrit.
Au coeur de ce goût de la découverte, il y a l’Informatique et les Mathématiques qui ont en commun ce syndrome de l’Eurêka, cette transition du problème à une solution originale, où, de l’obscurité et de la confusion il est fait place à une compréhension évidente de la nature des choses dès lors qu’a surgi l’idée. C’est d’abord ce côté intuitif pour comprendre ou créer qui unit des personnes différentes pour arriver ensemble à quelque chose de nouveau.
L’Informatique, c’est tout autant avoir des idées que construire patiemment des systèmes logiciels complexes. Avec des architectures et conceptions qui peuvent être très belles et dont l’étude vous éclaire, vous rend comme plus intelligent tout simplement parce qu’elles vous offrent à l’oeil nu la transformation d’une complexité en des concepts clairs et élégants mis en relation parfois subtilement. Et ce travail de construction se marie bien à la fois avec le côté artisanal et aussi une philosophie de vie où l’on considère que la nature est bien faite. Quoi alors de plus naturel que s’en inspirer consciemment, et plus encore, de le vivre tout simplement au coeur de la campagne.
Et un peu à l’image de ces villages californiens, cela relève aussi de ce mythe des startups de l’Informatique qui sont montés dans des garages avec des moyens très limités.
L’esprit dans la Silicon Valley – à ses débuts – c’était aussi aller à la rencontre des autres, de présenter des projets tels des pionniers au temps de la conquête de l’Ouest arrivant de toutes parts sur un nouveau champ d’exploration, à la recherche des fameuses pépites. Des pépites qui seraient d’abord plus des nouvelles idées qui participent à changer le monde que des $ à se mettre dans la poche. Et cet esprit est encore d’actualité en Informatique et même plus que jamais, dans la mesure où nulle limite ne semble être donnée à la capacité d’inventer, et que chaque nouvelle phase d’innovation majeure ouvre de nouvelles perspectives à investiguer jusqu’au prochain cycle de rupture de l’existant.
Reste que cet enthousiasme n’est plus forcément le même y compris en Californie tandis qu’endosser la bonne posture est devenu la règle dans un monde d’affairistes qui prétend le plus souvent réduire cette discipline à une industrie tandis qu’en réalité, elle reste profondément artisanale. A cette différence, et elle est d’importance, que les outils disponibles sont devenus plus puissants que jamais et démultiplient les capacités à rendre possible la mise en action et la réussite de nouveaux projets.
La Silicon Valley, depuis la France, cela représente toujours quelque peu le rêve américain, alors que sur place, les américains vous expliquent qu’ils ont suivi le modèle des petits villages français et que leur culture est imprégnée du rêve français de la Côte d’Azur des années 60. Bien avant toutefois que celle-ci ne soit bétonnée à outrance.
Dans un monde où la technologie est partout même si elle relève souvent plus du gadget que du moteur d’évolution vers un autre modèle de société, rien donc de plus naturel que de créer un Club Informatique à la campagne, et a fortiori si c’est près de l’océan, celui-là même dont l’horizon est sans limites.